Maroc oriental 1988, Projet de Développement de l'Elevage et des Parcours (commentaire complet à l'album photos correspondant)
Maroc Oriental 1988, projet de développement de l'élevage et des parcours (PDPEO)
Le Projet de Développement des Parcours et de l’Elevage dans l’Oriental : Un projet ambitieux, en vraie grandeur sociale et institutionnelle au départ, et comment faire semblant de rester nomade à l’arrivée … Ce projet d'envergure territoriales, sociale et institutionnelle avait démarré en 1990. Il concernait six communes rurales et cinq grandes collectivités ethniques des hauts-plateaux (Dahara) et du présaharien (Sahara) de la région de l'Oriental an Maroc, occupant quelque 3.2. millions d'hectares). La population totale de la zone du projet était estimée a 76 800 habitants en 1988 dont 62 % classés comme population rurale, avec 8 500 foyers-éleveurs environ et un cheptel de petits ruminants qui dépassait 1 millions de têtes.
Les objectifs fondamentaux du projet au départ lui donnaient toutes ses dimensions de projet de développement, à savoir : améliorer les revenus des populations pastorales, lutter contre la pauvreté et les disparités sociales, freiner l'exode rural, restaurer et mettre en valeur le patrimoine pastoral naturel, améliorer la condition de la femme pastorale et diversifier les sources de revenu des foyers, améliorer le cadre de vie général des populations pastorales. La cheville ouvrière pour la réalisation et l'organisation du projet fut basée sur la mise en place de coopératives pastorales, de gestion de l'espace et de services, constituées et fonctionnant sur la base d'affinités ethniques, sociales et administratives (fractions administratives ou sous-fractions tribales ou groupes ethno-lignagers). A terme cette organisation coopérative volontariste devait déboucher sur une véritable organisation professionnelle de pasteurs, susceptible d'assurer en partie le relais du projet a son issue.
Le budget total du projet était estimé à 48 millions de dollars en 1990 sur 8 ans, ce qui donnait un ratio conséquent de 5 600 US dollars par foyer-éleveur bénéficiaire. Au départ le projet était un projet ambitieux, difficile, a la hauteur du défi du développement pastoral et au-delà du maintien du pastoralisme steppique. Il constituait une première marocaine, maghrébine voire mondiale par ses ambitions et ses dimensions.
En 1993 une mission d’évaluation des coopératives pastorales, constatant les détournements des objectifs et de la finalité du projet recommandait, entre autres, un recentrage sur les objectifs et la finalité du projet, l’urgence de l’assainissement des coopératives, une meilleure visibilité des systèmes d’élevage et des modes de gestion sociale des parcours collectifs et des appropriations privatives de ceux-ci, l’animation et une meilleure gestion participative des coopératives … Ce qui ne fut pas mis en œuvre suffisamment.
Le projet fut reconduit en 2002 avec une deuxième tranche de financement. En 2005 lors d’un passage rapide dans la zone du projet force était de constater que le projet avait échoué dans ses objectifs fondamentaux de préservation des parcours naturels et de frein à la désertification, de gestion coopérative collective des parcours, d’améliorations zootechniques, de frein à l’exode rural des petits éleveurs frappés par la sècheresse. Mais il avait en revanche bénéficié largement aux notables gros éleveurs qui en avaient profité pour augmenter leurs troupeaux (certains ayant plusieurs milliers de têtes à eux-seuls), en captant les subventions et les aides au pro rata de leur nombre de têtes de cheptel, et contribuer d’autant à dégrader encore plus les parcours collectifs tout en poursuivant leur stratégie d’appropriation de ceux-ci …