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28 septembre 2023

Approche multidimensionnelle de la demande en eau agricole. Cas de l'Algérie : actualisation du Plan National de l'Eau.

EVALUATION DE LA DEMANDE EN EAU AGRICOLE ET DE SES BESOINS ESTIMATIFS EN ALGERIE. 2009-2011
Christian Potin Consultant pour le Groupement d'étude SOFRECO-OIEau-Grontmij-Carl Bro / Ministère des Ressources en Eau

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 Problématique de l'estimation de la demande et des besoins en eau d'irrigation (Tiré à part)
1.     Introduction - Enjeu global actuel de l’irrigation en Algérie

L’irrigation est le premier consommateur d’eau en Algérie avec plus ou moins 8 500 Hm3 consommés annuellement dans l’ensemble, contre quelque 2 800 Hm3 pour l’AEPI. Dans le nord de l’Algérie l’irrigation se fait globalement dans un contexte de bilan global déficitaire avec prélèvement sur un capital souterrain non renouvelable face à une demande d’AEP prioritaire continument croissante, d’une part, et au développement incontrôlé de la PMH privée sous l’effet incitatif des subventions de l’Etat, d’autre part.

La situation actuelle de l’irrigation et sa problématique de développement sont le résultat d’une évolution historique[1] dans laquelle il faut distinguer les Grands Périmètres Irrigués (GPI) et la Petite et Moyenne Hydraulique (PMH).

Les Grands Périmètres Irrigués (GPI) et les périmètres irrigués de wilaya (PIW) sont des périmètres de grande hydraulique en trame géométrique hydraulique moderne gérés par un organisme étatique, l’Office National des Irrigations et du Drainage (ONID). Pour la campagne d’irrigation ils ne totalisaient que 48 000 ha de cultures irriguées effectives pour une superficie équipée totale brute de quelque 213 400 ha dont 132 000 ha seulement d’irrigables actuellement (24 300 ha de superficie perdue et 57 100 ha à réhabiliter).

La DHA du MRE et l’ONID prévoient actuellement à terme le développement d’une surface totale de quelque 465 535 ha en GPI/PIW, sans que ceci ne fasse pour l’instant l’objet d’une planification/programmation rigoureuse.

La Petite et Moyenne Hydraulique (PMH) a connu un taux d’extension important (8,6% par an entre 2003 et 2008) depuis les financements du PNDA et occupait, selon les derniers résultats de l’inventaire réalisé par le bureau SOGREAH pour le compte de la DHA du MRE, une superficie de quelque 696 177 ha irrigués physiques hors GPI + 80 798 ha installée dans les GPI en 2008 , soit 776 975 ha de superficie irriguée physique au total, et 825 787 ha irrigués développés[2] hors GPI (coefficient d’intensification de 111%).

En ce qui concerne les GPI, les années de sécheresses, l’envasement des retenues, les pertes[3] au niveau des réseaux d’irrigation mal entretenus et, en dernier ressort, la priorité donnée à l’AEP, ont fait que l’eau des barrages allouée à l’irrigation a toujours été très en deçà des besoins qui auraient permis l’irrigation de la totalité des surfaces irrigables. Il en résulte une anomie de la gestion d’autant plus importante que l’ONID, chargé d’administrer les GPI, ne parvient pas à récupérer la totalité de la redevance du service et plusieurs GPI sont en situation de faillite financière.

Toutefois, avec la nouvelle politique de l’eau, les GPI sont supposés bénéficier dans l’avenir de la production des nouvelles ressources d’eau non conventionnelles, soit indirectement (nouvelles stations de dessalement pour l’AEP permettant de récupérer des affectations des barrages), soit directement dans une moindre mesure, via la réutilisation des eaux usées épurées (REUE). Ainsi les ABH, dans leur PDARE envisagent maintenant un néo-développement ambitieux de la grande irrigation avec optimisme, à l’unisson avec la DHA du MRE, et de manière plus pondérée avec le MADR.

L’initiative et la gestion de la PMH relèvent du domaine privé et l’Etat n’a aucun moyen de gestion directe de ce secteur. Les exploitants de la PMH puisent quelque 85% de leurs besoins dans les ressources souterraines. Ils ne sont donc pas assujettis aux aléas climatique ni aux difficultés de gestion de l’ONID, ce qui explique, en partie, leur succès en terme de production et de développement en général. Un autre facteur déterminant du développement récent de la PMH depuis l’an 2000 a été l’octroi de subventions importantes aux investissements individuels en la matière dans le cadre du PNDA et des ses fonds de financement (FNDRA puis FNDIA actuel). Mais, ce mode d’exploitation affecte la durabilité des ressources souterraines dans le nord du pays, faute de contrôle par les DHW et les ABH des nouveaux équipements d’exhaure (forages et puits) et des volumes prélevés.

Un programme volontariste de promotion de l’irrigation localisée, déjà initié par le PNDA, et de gestion participative des équipements et périmètres collectifs, n’a eu pour l’instant que des effets limités. La REUE et les retenues collinaires sont présentées par ailleurs comme des solutions pour sécuriser les ressources en eau de la PMH. Mais ces nouvelles ressources potentielles ne sont pas à la hauteur de la problématique des besoins actuels et futurs. Par ailleurs, divers problèmes socio - techniques, organisationnels et de gestion restent à résoudre tant au niveau des retenues collinaires (efficience, durabilité, gestion sociale …), que des STEP et station de lagunages (problématique de l’éloignement des zones et périmètres d’irrigation, de stockage et de transfert vers celles-ci, gestion sociale des irrigations individuelles, conception de nouveaux systèmes collectifs associatifs, …).

Le programme de dessalement de l’eau de mer (800 Hm3 pour 2025) en combinaison avec les programmes de grands transferts doit permettre :

  • De réaffecter les ressources souterraines des aquifères côtiers à l’irrigation des plaines côtières
  • D’effectuer, toujours pour les plaines côtières, des appoints pour l’irrigation à partir des barrages de l’Atlas tellien
  • De réaffecter une partie des gains des barrages de l’Atlas tellien vers les Hauts Plateaux
  • De transférer des eaux de la nappe albienne vers les Hauts Plateaux
  • De transférer des eaux de la nappe albienne vers Tamanrasset

Enfin pour compléter la recherche de nouvelles ressources en eau mobilisables, un programme de nouveaux barrages de stockage est à l’étude pour le Centre et l’Est de l’Algérie du Nord qui pourraient permettre sous réserve, de stocker à long terme un volume additionnel d’une capacité totale de quelque 2 700 Hm3 en année normale, pour quelque 60 nouveaux sites potentiels de petits et moyens barrages (45 Hm3 en moyenne par barrage) qui seraient alors à vocation hydro-agricole prioritaire …

Parallèlement à la problématique de l’adéquation « ressources X offres / besoins X demandes » du ressort du MRE, le MADR est en passe de préciser une nouvelle demande institutionnelle en eau agricole qui sera le fer de lance de la stratégie d’autosuffisance agro-alimentaire du pays, centrée au premier chef sur les filières céréales (500 000ha en irrigué) et lait (500 000ha de fourrages irrigués), et secondairement oléicoles et fruits (500 000 ha d’arboriculture irriguée) et légumes frais (300 000 ha), pour un objectif ambitieux d’u sous-secteur irrigué de 2 000 000 à l’horizon 2025, horizon de planification du SNAT actuel.


[1]Cf. l’annexe 3 du rapport d’audit de la demande en eau agricole de mai 2009 qui fournit un cadrage historique de l’irrigation en Algérie.

[2] Voir définition en annexe 1.

[3] Des pertes importantes sont enregistrées au niveau du périmètre et de la parcelle : manque d’entretien des réseaux, fuites, absence de technicités économes en eau, problème de tarification, faible optimisation des choix de spéculations économes en eau, remontées des sels, besoins pour lessivage des terres, manque d’organisation et de responsabilisation des irrigant, problèmes d’organisation et de valorisation des filières de production en irrigué …

2. Complexité et multi-dimensionnalité de la demande en eau d’irrigation : concepts et définitions

2.1. Complexité croissante de la planification et de la gestion de l’irrigation

Sans vouloir entrer à ce stade sur une analyse historique de l’évolution des sciences et techniques, et modèles appliqués à  l’aménagement et à la gestion de l’irrigation dans le monde, il faut retenir que celle-ci n’a cessé de monter en complexité depuis les années 60 et la fin des empires coloniaux, comme l’illustre le schéma ci-après.

Ainsi est-on passé successivement à une approche de simple ingénierie technique, à l‘époque coloniale et immédiatement post-coloniale à une ingénierie technique + agro-économique. O y a rajouté dans les années 90 les dimensions de management, institutionnelles et d’organisation des usagers (approche sociologique incluse, y compris du genre). Puis à partir des années 2000, de gouvernance, de politiques sectorielles et inter-sectorielles, de politique économique et sociale, d’aménagement du territoire, de gestion environnementale, de développement durable, de changement climatique, et de patrimoine culturel …

Figure1. Montée en complexité du mangement de l’irrigation dans le monde

 

2.2. La demande sociale

2.2.1. Demande des exploitations irriguées et des exploitants usagers.

En matière d’irrigation il est fondamental de  ne pas confondre les concepts de demande et de besoins en eau. Le besoins reste un concept abstrait, théorique, normatif et parfois technocratique qui est fixé par d’autres acteurs que l’usager ; tandis que la demande correspond à une attente, à un « besoin subjectif » économique, social et culturel de consommation. Si les sciences et techniques appliquées permettent assez aisément de calculer les besoins, il n’en est pas de même pour la demande dont l’identification et l’évaluation sont du ressort des sciences sociales et humaines (microéconomie, sciences politiques, sociologie, psycho-sociologie, sciences de la communication …).

La notion de demande est en effet un concept général qui se réfère aux sciences économiques (domaine de la microéconomie). La demande désigne la quantité d’un bien ou d’un service que les acteurs sociaux sur un marché sont prêts à acheter à un prix donné face à l’offre du même bien ou service. La théorie de l'offre et de la demande permet de comprendre les mécanismes à l'œuvre dans la décision d'allocation des ressources en économie de marché.

Mais il n’y a pas de marché concurrentiel de l’eau, qui devient historiquement de plus en plus un facteur rare en Algérie. L’eau ne peut pas être soumise aux lois de l’économie libérale, même en tant que bien et service marchand en ce sens que l’eau est un besoin humain fondamental au même titre que la nourriture, le logement, la santé, l’éducation …, que tout Etat moderne se doit d’assurer et de réguler aux individus. Et on remarquera que dans un contexte d’aridité climatique l’eau d’irrigation a vocation à contribuer, entre autres, à la sécurité alimentaire du pays. Quel serait l’acceptabilité d’un scénario à long terme où toute l’eau mobilisée contrôlée par l’Etat serait affectée entièrement à l’AEPI et la production céréalière soumise aux aléas d’une agriculture pluviale de plus en plus déficitaire face à l’expansion démographique et au réchauffement climatique ? Et devoir importer par ailleurs les légumes, fruits, sucre, produits laitiers en étant entièrement dépendants de l’évolution des marchés internationaux …

Autre spécificité, l’eau d’irrigation n’est pas un produit « fini » à consommation par une clientèle économiquement passive comme pour l’eau potable, mais est caractérisée par une transformation et une valorisation à travers tout un processus complexe de production agricole qui comporte des composantes biologiques, techniques, économiques et sociologiques. L’identification et l’évaluation de la demande en eau d’irrigation est donc également un processus complexe qui dépend de tous ces facteurs de consommation, de production agricole et de transformation intermédiaires, centrés au niveau du consommateur de base qu’est l’exploitant agricole irriguant et son exploitation irriguée.

Or Il n’existe pas actuellement en Algérie de définition juridique de l'exploitation agricole[1] et il y a confusion entre le(s) statuts(s) juridique(s) de l’exploitation, qui peut exploiter plusieurs terres de statut différent, en propriété, en location, du statut juridique de l’exploitation proprement dite. Celle-ci est généralement une entreprise, le plus souvent à forme individuelle. On distingue actuellement en Algérie les grandes catégories juridiques de statuts fonciers d’exploitations agricoles suivantes : les entreprises individuelles privées familiales, les EAC et les EAI, les fermes pilotes et autres fermes étatiques, les coopératives, les EURL  …

Selon les interlocuteurs et selon le contexte socio-foncier, les structures socio-anthropologiques familiales et les enjeux d’interface entre les agriculteurs et les instances techno-administratives de l’Etat, il apparait sur le terrain une confusion importante entre les notions de propriétaires, co-propriétaires, usufruitiers sur domaine de l’Etat, héritiers, co-héritiers indivis, (présents ou absentéistes), exploitants et co-exploitants (cas des EAC notamment) …

Par ailleurs, jusqu’à présent la seule statistique agricole, approximative au demeurant par essence, dont on dispose actuellement est celle du RGA 2001, les Séries B, statistiques agricoles annuelles se contentant d’énumérer les superficies par spéculation. En ce qui concerne la PMH l’inventaire de celle-ci qui vient d’être réalisé par le bureau SOGREAH pour le compte de la DHA du MRE apporte un nouveau référentiel intéressant sur lequel on s’est appuyé (cf. § 3.2, et chapitres 6 et 7).

Cette nouvelle statistique récente des exploitations irriguées permet devrait dans l’avenir servir de tremplin pour une meilleure lisibilité de la demande économique et sociale en eau d’irrigation, et sa prise en compte pour une planification durable de l’offre et de contrôle de la ressource qui ne sera pas  limitées à une statistique des surfaces cultivées sans correspondance d’acteurs sociaux consommateurs de base[2]. Ceci dans un contexte de statistiques surfaciques variables annuellement, à fiabilité limitée, avec approche technocratique des besoins théoriques et pratiques, qui ne permettront jamais une gestion participative durable de la demande sociale.

2.2.2. Demande des filières de production

Une autre approche dynamique et conséquente pour la planification stratégique de la demande en eau d’irrigation future consiste, parallèlement à la prise en compte des exploitations et des exploitants en irrigué, et des systèmes d’irrigation (cf. ci-après), à lier sa projection par rapport à une politique économique et sociale de développement des filières de production stratégiques alimentaires, tant en quantité qu’en qualité.

Les filières stratégiques pour la sécurité alimentaire relative future du pays pour lesquelles l’irrigation peut apporter un levier de production et de sécurisation importants sont principalement:

  • La filière lait à travers la production fourragère
  • La filière céréalière (pour sécuriser en partie les aléas climatiques)
  • La filière pomme de terre
  • La filière oléicole
  • La filière fruits (agrumes, fruits à pépins et à noyaux)
  • La filière légumes frais
  • La filière dattes

En matière de filières de qualité à label régional et haute valeur ajoutée ayant un potentiel d’exportation o peut retenir à ce stade :

  • La filière viti - vinicole (produisant des produits locaux de grande réputation comme les vins de cépage et les raisins de table de qualité).
  • La filière de l’oléiculture de Kabylie produisant une huile de grande qualité biologique ainsi que des olives de table).
  • La filière phoenicicole de qualité de Biskra-Tolga.
  • Certaines filières fruitières locales spécialisées (abricots Ngaouss, cerises …).
2.2.3. Principaux paramètres socio-économiques conditionnant la demande sociale en eau d’irrigation

Sans s’étendre plus avant dans un développement descriptif des caractéristiques socio-économiques des exploitations irriguées et exploitants irriguant en Algérie[3], on rappellera simplement ci-dessous pour mémoire les principaux paramètres socio-économiques à considérer au niveau des exploitations et des exploitants agricoles en irrigué qui devraient être pris en compte dans toute politique de l’offre et de satisfaction relative de la demande selon ses sous-secteurs institutionnels et catégories sociales :

  • Tailles, niveaux socio-économique et concentration des exploitations
  • Typologie des exploitations (systèmes de production) et de leur devenir probable dans 20 ans (horizon de planification)
  • Performances et valorisation de l’eau selon les systèmes de production et les systèmes d’irrigation (cf. ci-après § 2.4) : productivité/m3, productivité/ha irrigué, VA/m3, VA/ha irrigué, emplois créés/ha irrigué …
  •  Typologie des irrigants et de leurs comportements en matière d’irrigation (technicité, gestion de l’eau, légitimité de la demande …).
  •  Type de demande individuelle/collective/institutionnelle : exploitations individuelles, périmètres collectifs de PMH, associations/ex syndicats d’irrigation, GPI/OPI.
  • Elasticité de la demande par rapport à l’offre selon les catégories et les systèmes : redevance et recouvrement dans les GPI ; coûts de l’irrigation individuelle selon les systèmes d’irrigation ; transactions sur l’eau d’irrigation (citernage, baux ruraux sur l’eau …).
2.2.4. Cadre juridique et institutionnel de la demande en eau d’irrigation

On rappellera brièvement ci-après que la demande sociale en eau d’irrigation n’est pas juridiquement anomique. Les eaux, qu’elles soient souterraines ou superficielles, font partie du domaine public de l’Etat et leur conservation et utilisation est régie par le Code des Eaux de 1983 modifié et complété en 1996 et plus récemment en 2005. Des droits d’eaux[4] traditionnels et informels acquis avant l’édiction de la loi peuvent être reconnus à condition de ne pas modifier la ressource dans sa durabilité (zones d’agriculture traditionnelle de montagne, de steppe et sahariennes).

Sans entrer dans une analyse détaillée il faut retenir en matière de légitimité de la demande sociale en eau d’irrigation, de droit d’usage et de prélèvement que :

=> Sont soumises au régime de l’autorisation d’utilisation (prélèvements) par une personne morale des ressources en eau les opérations portant sur :

  • la réalisation de puits ou de forages, en vue d’un prélèvement d’eau souterraine ;
  • la réalisation d’ouvrages de captage de source non destinés à une exploitation commerciale ;
  • la construction d’ouvrages et d’installations de dérivation, de pompage ou de retenue, à l’exception des barrages, en vue d’un prélèvement d’eau superficielle ;
  • l’établissement de tout autre ouvrages ou installations de prélèvement d’eau souterraine ou superficielle ».

=> Sont soumises au régime de la concession (subordonnée au respect d’un cahier des charges) l’utilisation des ressources en eau les opérations portant notamment sur :

  • la réalisation de forages en vue d’un prélèvement d’eau dans les systèmes aquifères non ou faiblement renouvelables, pour les usages agricoles ou industriels notamment dans les zones sahariennes ;
  • la réalisation d’infrastructures destinées à l’utilisation d’eaux usées épurées pour des usages agricoles individuels ou collectifs ou pour des usages industriels ».

=> La gestion des périmètres d’irrigation, équipés par l’Etat ou pour son compte (GPI), peut être concédée à des personnes morales de droit public ou privé sur la base  d’un cahier des charges fixant notamment, les règles relatives à l’exploitation, à l’entretien et au renouvellement des ouvrages et installations d’irrigation, de drainage et d’assainissement des terres, et aux modalités de couverture des charges de gestion. Le cahier des charges de gestion des périmètres d’irrigation par concession est fixé par voie réglementaire ».

=> La concession (subordonnée au respect d’un cahier des charges) à des établissements publics ou à des personnes morales de droit privé (avec encouragement de la formule associative), des ouvrages et des infrastructures[5] de petite et moyenne hydraulique agricole s’applique à toutes les superficies irriguées à usage collectif se situant en dehors des grands périmètres d’irrigation.

=> La police des eaux[6] est exercée en principe par les agents relevant des DHW, lesquels sont habilités à rechercher, à constater et à enquêter sur les infractions à la loi relative à l’eau. Ils sont aussi appelés à vérifier la bonne exécution des autorisations d’utilisation du domaine public hydraulique. Dans l’exercice de leurs fonctions les agents de la police des eaux peuvent requérir la force publique pour leur prêter assistance. Sur le terrain, la police des eaux est différemment assurée d’une DHW à l’autre. Elle est en général insuffisamment exercée dans la mesure où les agents chargés de l’assurer accordent la priorité à leur activité principale d’agents de l’hydraulique.

Une des contraintes importantes à l’efficacité et à la pertinence d’un PNE actualisé durable résidera bel et bien dans les degrés d’applicabilité sociale et institutionnelle du nouveau Code des Eaux, notamment en matière de police des eaux pour la PMH, de gestion participative des équipements hydrauliques publics, et de tarification des eaux d’irrigation (pour les GPI, mais aussi dans l’avenir pour la PMH).

2.3.   Besoins agronomiques en eau des cultures et besoins en eau d’irrigation

2.3.1. Conditions et potentiels pédologiques

En dehors de toute spéculation futuriste en terme d‘hydroponique, la demande sociale en eau d’irrigation est conditionnée au premier chef par la nature des sols et leur aptitude à l’irrigation.

Selon la classification de l’ANRH, seuls les sols de catégorie 1, 2 et 3 sont considérés comme des sols irrigables. Sur l’ensemble de l’Algérie la superficie totale des sols considérés comme aptes à la mise en valeur hydro-agricole, est de 2.226.000 ha, soit 27% de la Surface Agricole Utile totale qui est de quelque 8 200 000 d’ha. Les sols irrigables se repartissent de la manière suivante selon cette classification :

  • 2.087.000 ha au Nord
  • 134.000 ha dans les régions sahariennes

La répartition des sols irrigables par région hydraulique est donnée en annexe 4.

2.3.2. Besoins théoriques des cultures

Faute de connaissance de la demande sociale réelle en eau d’irrigation les besoins agronomiques théoriques et pratiques des cultures irriguées s’y substituent empiriquement et technico-administrativement, en termes simplifiés de :

Cumul des superficies des spéculations (i) X besoins unitaires des spéculations (i) en m3/ha/an = Volume des besoins annuels = Demande annuelle volumétrique sur une l’unité de territoire considérée

Classiquement et de manière simplificatrice et faussement scientifique c’est systématiquement cette méthode qui a été utilisée jusqu’à présent dans les meilleurs des cas pour appréhender « la demande » en eau d’irrigation dans les plans et études passées.

Le calcul des besoins en eau théoriques s’effectue de façon classique en fonction du climat et des plantes cultivées. L’évapotranspiration potentielle (ETP) est une variable bio-climatique qui représente les besoins en eau maximum de la couverture herbacée continue du sol en lieu donné et à une période donnée (pas de temps mensuel habituellement). L’ETP est calculée en général en Algérie par la formule semi-empirique de Penman modifiée et on dispose d’une carte des évapotranspirations potentielles mensuelles du nord de l’Algérie au 1/500 000 ème établie par l’ANRH en 2005.

La consommation maximale potentielle de la plante (ETM) est estimée par un facteur de correction, le coefficient cultural (KC), qui dépend du type de plante cultivée, de son cycle cultural et de son stade végétatif. Elle correspond à des conditions optimales théoriques de disponibilité en eau et de fertilité agronomique jamais atteintes dans la réalité. L’évapotranspiration réelle (ETR), toujours inférieure à l’ETM, correspond aux conditions agronomiques réelles de disponibilité en eau du sol[7], de fertilité et d’état sanitaire de la plante, et, en dernier ressort des techniques et pratiques d’irrigation de l’exploitant, tant en terme de doses que de fréquences d’irrigation, dans le contexte agro-socio-économique de son système cultural et de son système d’irrigation et d’exploitation, et de ses objectifs propres. Ainsi décidera-t-il de manière plus ou moins inconsciente, et toujours empirique, des coefficients de rationnement (ou « stress hydrique volontaire ») ou au contraire de sur-irrigation de ses différentes spéculations en lieu et en temps … la productivité et les rendements seront la résultante de l’ETR par rapport à l‘ETM en conditions optimales, tout autre élément de l’itinéraire technique égal par ailleurs.

Pour chaque pas de temps, le besoin en eau théorique ETM d’une parcelle cultivée en monoculture est ainsi calculé en multipliant l’ETP Penman par le coefficient cultural de la plante à son stade végétatif au pas de temps de calcul et à la superficie effectivement cultivée, avec déduction de la pluie efficace (Peff)[8] de l’épisode climatique considéré, selon la formule globale :

Be(tj) = KC(i) x ETP(tj) x Si - Peff

Sans s’étendre ici on retiendra à ce stade les limites de cette approche théorique empirique des besoins en eau des plantes au niveau des autres facteurs d’incertitude et d’approximation principaux suivant :

®     Limites intrinsèques de la précision de la formule de Penman (selon notamment le système d‘irrigation à la parcelle)

®     Imprécision des superficies cultivées annuellement et aux pas de temps saisonniers considérés : limite des statistiques agricoles actuelles, décisions annuelles et saisonnières des agriculteurs (cultures pérennes, cycles de cultures annuels alternatifs, rotations …)

®     Méconnaissance des conditions d’ETR des cultures qui n’entrainent pas une diminution de rendement sensible, toute chose égale par ailleurs (notion de stress hydrique contrôlé)[9]

®     Importance et imprécision des pertes en eau[10] à l’amont de la plante déterminant les besoins pratiques selon le système d’irrigation aux différents niveaux de la mobilisation, du stockage, de l’adduction, de la distribution, de l’arrosage à la parcelle (cf. ci-après).

®     Décisions et comportements de l’irrigant (durées d’irrigation journalière, fréquences hebdomadaires, décisions de rationnement global du cycle pour une surface donnée, maîtrise des périodes critiques du cycle cultural, etc.)

2.3.3. Besoins systémiques en eau d’irrigation

A « l’aval » des besoins théoriques en eau des plantes cultivées, les besoins normatifs en eau d’irrigation dépendent des conditions hydrauliques et systémiques des systèmes d’irrigation. C’est ce qu’on appelle classiquement les « besoins pratiques » d’irrigation pour distinguer des besoins théoriques agronomiques à la plante.

Les conditions hydrauliques, sociales et institutionnelles de l’irrigation déterminent en dernier ressort les besoins pratiques à la parcelle.

Chaque système technique d’irrigation peut être caractérisé par un jeu de coefficients d’efficience (ou de pertes) depuis la mobilisation, en passant par l’adduction, le stockage éventuel, la distribution et le mode d’arrosage à la parcelle.

Le système d’irrigation n’est pas réductible au système GPI/PMH ou au mode d’arrosage à la parcelle comme cela est présenté quand il y est fait allusion dans les différents plans et études traitant de la demande en eau d’irrigation. Nous reproduisons en annexe 3 un premier essai de typologie des systèmes d’irrigation établis dans la cadre des rapports A1 et A2 de première phase de l’Etude d’Inventaire et de Développement de la PMH (cf. Liste des documents consultés en annexe 2). La classification typologique des systèmes d’irrigation intègre les critères hiérarchiques suivant :

  • L’origine de l’eau ou la nature de la ressource utilisée
  • Le caractère collectif (périmètres GPI/PMH) ou individuel du système d’irrigation à partir de la mobilisation
  • Le mode de mobilisation/prélèvement
  • L’existence ou non d’un stockage temporaire de l’eau
  • Le mode de transport de l’eau entre la source et le lieu de consommation
  • Le mode de mise en pression ou non en vue de la distribution
  • Le type de réseau de distribution interne aux aires d’irrigation
  • Le mode d’irrigation à la parcelle (gravitaire, aspersion, goutte à goutte)
  • Le type de spéculation pratiquée (pérenne/annuelle, d’avant saison, de saison, d’arrière saison).

Cette approche pratique et dynamique de la demande en eau d’irrigation par la typologie des systèmes d’irrigation supposerait qu’ils soient répertoriés et suivis dans le cadre du référentiel statistique des exploitations et exploitants en irrigué qui reste à établir (cf. ci-dessus). Cette méthode d’approche de la demande permettrait, avec d’autres mesures d’accompagnement,  une meilleure planification future et suivi de la confrontation entre [ressources X offres] et [besoins X consommations X demandes].

 Une autre condition de la demande et des besoins pratiques en eau d’irrigation pour un système d’irrigation et cultural donné réside dans les paramètres hydrauliques de la fourniture au niveau de l’offre en termes de :

  • de disponibilité en volume en période de pointe d’ETM selon le cycle cultural, le stade végétatif critique (floraison, montaison, fructification, …), et en dernier ressort de la stratégie de l’irrigant en matière de gestion de la dotation globale et du rationnement qu’il décidera pour optimiser le couple surface de la spéculation irriguée X rendement.
  • La demande en débit disponible[11] selon les périodes de pointe, le système d’irrigation, les doses pratiquées et leur fréquence, et le comportement de l’agriculteur (nombre d’heures d’irrigation par 24 heures en pointe).
  • La demande en pression en tête/à la parcelle selon les systèmes d’irrigation et le mode d’arrosage final à la parcelle (gravitaire, aspersion, goutte-à-goutte).
2.3.4. Qualité des eaux d’irrigation

On rappellera succinctement simplement ici que l’eau d’irrigation suppose de répondre aussi à des critères de qualité relatifs selon les normes FAO, en terme principalement de:

  • Acidité (6,5<ph<8,4).
  • Salinité : mesurée par la conductivité électrique (CE
  • Alcalinité : mesurée par le taux d’absorption du sodium (SAR) qui doit être normalement inférieur à 9,0 (selon le degré de salinité des sols et les plantes).
  • Pollution biologique selon les cultures (normes DBO5 et coliformes en cours d’établissement en Algérie).
  • Pollution chimique en métaux lourds (normes à préciser).
  • Turbidité et charge physique en particules solides (selon le système d’arrosage).

Jusqu’à présent l’aspect demande de qualité en eau d’irrigation a été peu abordée dans les plans et études passées. Il devra l’être obligatoirement de manière plus conséquente dans le cadre de l’objectif de RUEU pour l’irrigation d’une part, et de promotion des systèmes d’irrigation localisée, d’autre part.

2.4.   Problématique de la connaissance de la consommation et des prélèvements réels

Une autre façon pragmatique d’approche de la demande en eau d’irrigation en situation actuelle consiste à essayer de façon semi-empirique d’estimer les volumes effectivement prélevés à partir de l’inventaire statistique des forages, puits, équipements de pompage, prises au fil de l’eau, petits barrages, retenues collinaires, systèmes de crues … Ces données font l’objet de la statistique annuelle établies par les DHW et sont traitées au niveau de la DHA au niveau de la S-D de la PMH. Elles sont par ailleurs consignées dans les Cadastres Hydrauliques des ABH et ne sont malheureusement pas suffisamment fiables pou pouvoir constituer une base, même approchée, d’approche indirecte de la demande actuelle en eau  d’irrigation, tel que cela a été expertisé dans le rapport d’audit 2009 de la DEEA.

Cette approche de la demande par la consommation effective suppose bien entendu d’inventaires exhaustifs directs sur le terrain, et de pouvoir disposer d’un système de normes suffisamment fiables en termes de débits de pompage, temps de pompage, facture d’électricité pour les pompes électriques, consommation en carburant, bilan des retenues, etc. A côté des lourds moyens matériels qu’il exigerait, la faisabilité d’un tel inventaire reste pour l’instant difficilement concevable eu égard à la limite du sytème de la police des eaux actuels.

Au niveau des GPI les consommations effectives sont connue avec plus de précision dans le cadre de la programmation et du suivi des campagnes annuelles d’irrigation (cf. paragraphe 3.1 ci-après).

2.5.   La minoration de la demande par l‘offre affectée à priori.

On serait incomplet dans le tableau de la multi dimensionnalité et de la diversité des approches, méthodes approximatives et pratiques d’évaluation de la demande en eau d’irrigation actuelle et future, sans verser au chapitre sa prise en compte par l’offre résiduelle affectée à posteriori après satisfaction à priori de la demande en AEPI, puis du potentiel de GPI pour ne « servir » qu’en dernier ressort une PMH sous évaluée et mal contrôlée mais fortement consommatrice dans les faits, toute précision de l’estimation et de la projection de l’offre et de la demande prioritaire de l’AEPI égale par ailleurs. Ainsi en a-t-il été des derniers PDARE, tel que cela a été analysé dans le rapport d’audit 2009 de la DEEA.

2.6.   Nécessité d’une approche participative et pour une meilleure prise en compte de la demande en eau agricole

L’approche top down « approchée » de la demande en eau agricole par l’offre de mobilisation des ressources à priori, sans consultation ni négociation avec les utilisateurs de base que sont les agriculteurs ne permet pas sur le long terme une gestion durable de la ressource dans un contexte d’économie libérale et de régime politique non totalitaire. L’approche, la prise en compte et la gestion durable et équitable de la demande en eau d’irrigation suppose une « dose » minimum d’approche participative au niveau des usagers que sont les exploitants irrigant.

Une telle approche participative devrait avoir pour finalité de déboucher sur des arbitrages et des compromis consensuels, dans un contexte ou la demande potentielle sera toujours globalement supérieure à l‘offre. Ce qui pose un autre problème socio-institutionnel de l’approche par la demande, à savoir celui du manque d’organisations représentatives des usagers tant en systèmes d’irrigation collectifs (PMH et GPI) qu’encore plus individuels (PMH).

Sans vouloir s livrer ici à un développement sur les aspects théoriques et pratiques de l’approche participative pour le développement agricole et rural, on peut citer au chapitre des quelques rares premières expériences de recherche-développement en vraie grandeur le travail effectué dans la Mitidja Ouest par Amar Imache dans sa thèse récente intitulée « Construction de la demande en eau agricole au niveau régional en intégrant le comportement des agriculteurs » (Agro Paris Tech - 2008, 264 pages), dont nous reproduisons ci-après deux schémas illustratifs de la démarche appliquée.

Figure2.  Besoins théoriques (ETM), confrontatio offre/demande et doses d’irrigation reeles pratiqués par l’agriculteur

 

Source de l’illustration : Thèse Amar Imach, « Construction de la demande en eau agricole au niveau régional en intégrant le comportement des agriculteurs »

Figure3. Exemple de démarche méthodologique itérative prospective « besoins-demande participative »

 

Source de l’illustration : Thèse Amar Imach, « Construction de la demande en eau agricole au niveau régional en intégrant le comportement des agriculteurs »

2.7.   Enseignements et conclusions générales à retenir de la phase d’audit

On retiendra ci-après le résumé conclusion des constats et enseignements généraux effectués lors de la phase d’audit documentaire de 2009 en matière d’approche et d‘estimation préalable de la demande en eau d’irrigation.

v  La priorité donnée à l’AEP dans le PNE s’est traduite jusqu’à présent, dans l’ensemble, par une faiblesse de prise en compte de la demande en eau agricole. Ce, tant dans les méthodes, que dans la fiabilité des données et référentiel s normatifs de base disponibles (statistiques des exploitations irriguées/irrigants, superficies cultivées, normes systémiques de consommations réelles).

v  Il n’y a pas eu jusqu’à présent d’approche de la demande ni sociale, ni systémique, ni particpative en eau d’irrigation telles que définies précédemment.

v  L’approche de la demande a été faite dans le meilleur des cas une approche des besoins théoriques/pratiques traduits en terme de m3/Ha/an , de manière plus ou moins multivariée et détaillée par rapport au deux sous-secteur GPI/PMH, et de superficies par type de culture sur une base de statistiques agricoles et PMH non consolidées. On dispose ainsi dans les différents documents d’un foisonnement de normes de besoins contradictoires et hétérogènes.

v  Faute de données de référence à l’exploitation irriguée, d’une part, et de fiabilité des estimations des volumes effectivement mobilisés par type de mobilisation (cadastre hydraulique) d’autre part, aucune approche des consommations effectives par système d’irrigation ne peut être envisagée à ce stade.

v  La demande en eau d’irrigation est globalement traitée en priorité pour les GPI avec l’objectif de satisfaire les superficies équipées irrigables existantes ou en cours de construction, puis éventuellement de nouveaux périmètres. Ceci, dans un contexte où la gestion socio-institutionnelle et la performance agro-économique du modèle « grande hydraulique géré par l’Etat » n’a pas fait ses preuves jusqu’à présent, faute de dotation en eau au premier chef, mais pas seulement.

v  La PMH « est servie » en dernier ressort (sur le papier du planificateur, mais par sur le terrain où elle lui échappe complètement), comme une variable d’ajustement des ressources mobilisables résiduelles estimées disponibles, dans un contexte où :

  1. Elle est fortement consommatrice d’eau souterraine de manière non contrôlée et difficilement contrôlable actuellement.
  2. La connaissance des systèmes d’irrigation et de production irriguée n’est pas consolidée.
  3. On manque de normes réalistes de référence sur les consommations effectives en eau et les efficiences des différents systèmes d’irrigation.
  4. La stratégie et le comportement actuels des irrigants et leur profil socio-économique reste mal connus pour permettre une prospective évolutive d’avenir.
  5. L’Etat continue à encourager le développement de systèmes d’irrigation plus ou moins économes d’eau via sa politique de subventions à l‘agriculture, sans sécuriser la ressource qui est exploitée par ces systèmes.

Au plan des méthodes et outils de planification, toujours en ce qui concerne l’identification et l’estimation de la demande en eau d’irrigation, on peut retenir brièvement les éléments limitant suivants :

  • ­   Des années de base non consolidées : superficies, systèmes irrigation/culturaux, dotations/besoins  …
  • ­   Manque de véritables scénarios prospectifs différenciés  ou insuffisamment développés.
  • ­   Des objectifs de projection du sous-secteur GPI trop systématiques.
  • ­   Un manque de critères, paramètres et variables pour la projection du sous-secteur de la PMH.
  • ­   Un manque de prise en compte des aspects coûts/ VA/ effets, et impacts agro-économiques et socio-économiques des sous-secteurs GPI et PMH pour la planification stratégique de leur demande en eau respective.
  • ­   La limite du principe méthodologique général de l’approche de la « demande » par le rationnement à posteriori et par l’offre disponible restante.
  • ­   Le manque d’objectifs et de recommandations d’amélioration des données/variables de base, des outils et des méthodes.

L’analyse des PDARE, effectuées dans le cadre de l’audit documentaire de la DEEA, restitue les limites du processus d’accumulation des données et de capitalisation des méthodes acquises, au travers des plans et études précédents, qui sont concentrés à leur niveau.


Notes

[1] Voir problématique de définition en annexe  1.

[2] A titre de comparaison comment ferait-on pour prendre en compte la demande urbaine en eau potable sans aucune statistique démographique ?

[3] Pour plus de détails documentés on pourra se reporter en premières lectures sur les documents de référence suivants cité dans la liste des documents consultés en annexe 2 :

  • Pour le sous-secteur de la PMH : l’Etude d’Inventaire et de Développement de la PMH  -Rapport A1 « Analyse des données et bilan des études antérieures » (SOGREAH – DHA)
  • Pour le sous-secteur des GPI : Etude de la tarification de l’eau agricole – Synthèse des rapports de Mission II (BRLi/BNEDER – DHA)

[4] Sans s’étendre ici on rappellera que le droit des eaux musulman traditionnel est basé sur deux principes fondamentaux :

  • Le droit de chafa  ou de droit de la soif: "droit reconnu à tout individu musulman ou non musulman de prendre dans toute ressource en eau (non appropriée individuellement) autant d'eau qu'il lui faut pour se désaltérer et pour abreuver ses animaux.
  • Le droit de chirb ou droit d'usage des eaux pour l'irrigation des terres, limité sous la restriction que "tout le monde a le droit de chirb à condition qu'il n'apporte pas une gêne quelconque à l'exercice du droit de chirb déjà acquis d'un voisin, par la prise de possession matérielle, solide, durable, paisible, au moyen de travaux, captages, barrages, canaux, clôtures. Ainsi, pour les oueds petits et moyens, les sources, les mares, les puits le rite malékite admettait-il parfaitement le droit de jouissance privative (assimilé au melk) ..."

[5] Forages/pompages collectifs, barrages de dérivation, petits barrages de stockage, retenues collinaires, bassins d’accumulation, canalisations d’adduction, de distribution, ouvrages de distribution, ouvrages et équipements de drainage … Cf. annexe 4 « Hiérarchisation des systèmes d’irrigation ».

[6] Les types d’infractions rencontrées concernent : (i) le prélèvement, sans autorisation, des ressources en eau ; (ii) les branchements illicites sur les réseaux publics ; (iii) le vol d’eau au niveau des GPI (iv) les rejets de polluants dans le domaine public hydraulique.

[7] La disponibilité en eau du sol utilisable est définie au niveau de la notion de RFU (réserves facilement utilisables)  qui correspond à la fraction des réserves utilisables (RU) d’eau libre du sol au-delà de laquelle la plante atteint son point de flétrissement. Les RU dépendent de la profondeur du sol, de sa texture et de sa structure, elles sont mesurées par son humidité relative et servent également à déterminer les doses d’irrigation au pas de temps de calcul des besoins en eau théoriques.

[8] La pluie efficace qui participe à l’alimentation de la plante (estimée en régime pluviométrique et conditions pédo-topographiques normales à 80% en première approximation).

[9] De nombreux pays à climat aride et irrigation développée effectuent des recherches dans ce domaine (USA, Australie, Israël, Tunisie...).

[10] On retiendra à ce stade qu’en terme de bilan global ressources durables/prélèvements il y aurait lieu de prendre en compte l’effet infiltration/recharge des nappes des différents systèmes d’irrigation. Les systèmes individuels d’irrigation localisés les plus économes en eau au niveau des besoins théoriques et pratiques à la parcelle ne sont tant pas forcément les plus économes en terme de recharge des nappes, permettant par ailleurs une plus grande d’extension des superficies cultivées pour une « dotation » en eau donnée et à coefficient d’intensité culturale équivalent.

[11] Les paramètres de débit se mesurent classiquement en « débit fictif continu moyen » (dbfm) qui permet une planification globale annuelle non plus uniquement sur les volumes ; « débit fictif continu de pointe » (dbfp) qui permet à partir d’une durée d’irrigation journalière et des nécessaires rotations déterminées par la fréquence des doses nécessaires acceptables par les sols de déterminer le « débit d’équipement » (dbe).

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